Photo by Anna Moskal
Lors de la réalisation de ma dernière interview
avec Charlotte Ranson, j'ai pu admirer le travail de la dessinatrice Marta
Fonfara au sein de l'hôtel "La Parizienne" (vous pouvez voir son travail au sein de l'hôtel ici), ses dessins étaient féminins et girly.
Cette artiste gagne à être connue, voici mon interview avec elle.
- A partir de quel âge Marta as-tu
commencé à faire des dessins et de quelle façon s’est manifesté ton intérêt
pour cette activité ?
Comme
la majorité des dessinateurs, dès que j’ai pu tenir un crayon dans la main ! J’ai dessiné avec ma sœur et mon frère aîné sous le regard enthousiaste de mon père lui-même
dessinateur professionnel et de ma mère qui dessinait pas
mal pendant ses études d’architecture. J’ai néanmoins arrêté vers
l’âge de 11-12 ans, insatisfaite de ma « production » ; puis j’ai
repris au lycée où j’avais
un cours d’histoire de l’art et une fois par semaine une
session de dessin. J’ai commencé
aussi à dessiner mes profs et mes copines (il
n’y avait que 3 garçons
dans ma classe !) et cela m’amusait beaucoup.
-Es-tu autodidacte ou as-tu pris des
cours ?
J’ai
pris des cours dès la terminale quand j’ai décidé de poursuivre mon
éducation à l’Ecole des
Beaux-Arts. J’ai notamment étudié
la gravure mais pendant ces 5 ans je n’ai pas réussi à maîtriser
complètement cette technique…Ce n’était pas assez spontané pour moi, je préférais
toujours le dessin, l’aquarelle que l’on
peut faire partout, sans un atelier spécial.
Chaque jour je prenais le train pour aller à mes cours, j’en profitais
pour faire des croquis de mes co-passagers, c’était très
formateur, car j’ai appris à capter rapidement
les traits de visages, les postures...
-Comment se passe ton processus de
création des croquis ?
Pour
des commandes d'illustrations, je m'assoie à mon bureau, avec un carnet de
croquis, un crayon, de la musique plutôt calme et soit j'essaie de dessiner une
idée que j'ai déjà plus ou moins trouvée soit j’affronte la page blanche... ça
peut être très pénible car je stresse assez rapidement. Il faut vraiment bien
se concentrer et essayer d'esquisser des formes, des personnages et en général
ça vient. Souvent je cherche l'inspiration sur internet ou dans la rue en
m'installant dans un café, en terrasse ou sur un banc.
- Sur quel support crées-tu tes dessins, sur un bloc note, une tablette ou un
ordinateur ?
En général le croquis
est fait sur papier, après ça varie, je peux utiliser la table lumineuse pour
faire le trait noir à l'encre ou déjà scanner l'esquisse et faire le reste sur
ordinateur à l'aide de la tablette.
-Quels sont les illustrateurs ou les
illustratrices qui t’inspirent et avec qui tu aimerais travailler?
Tout
d'abord - Sempé, évidemment. J'ai découvert la richesse de sa
création assez tardivement, en Pologne il est connu surtout pour le Petit
Nicolas mais pas trop pour ses autres albums. J'adore sa simplicité de
trait et la subtilité de son humour. René Gruau - j'admire aussi
la simplicité de ses dessins, mais aussi l'élégance et ses compositions
originales, c'est tellement efficace! Pour moi c'était un de
meilleurs illustrateurs
de mode. Parmi les plus jeunes, je suis sous le charme des
illustrations de Kanako Kuno, simples, douces et drôles, et j'apprécie
beaucoup aussi le travail de Garance Doré ou Margaux Motin (ses
personnages sont tellement expressifs) ou encore Lapin qui dessine beaucoup
in situ, l'activité que j'adore. Et puis j'aime aussi l'univers onirique de
Joanna Concejo et les superbes picture books d'Iwona Chmielewska, mes
deux compatriotes déjà
bien connues en France.
Garance
Doré Kanako
Jean-Jacques SEMPE
Margaux Motin
-Tu as participé avec ton amie Maja Drzewiska au projet “Le chat qui allait
son chemin tout seul” un ibook de Rudyard Kipling qui est sorti en avril 2014,
peux-tu nous parler de ce livre et des illustrations que tu as faite ?
C'était
l'idée de Maja. Avant elle a déjà écrit, illustré et auto-edité deux
livres numériques pour enfants -"Caillou" et "Carotte".
Mais lassée de travailler seule elle m'a proposé d'illustrer une histoire déjà
existante: "Le chat..." de Kipling qui fait partie du recueil
"Les histoires comme ça". Quand j'ai lu le texte, j'ai tout de suite
senti qu'il lui faudra une forme spéciale. L’histoire nous plonge dans
l'univers préhistorique et magique, où dans une forêt sombre on rencontre les animaux sauvages
et les premiers humains. On avait dans les têtes les dessins de la
grotte Lascaux, les tableaux de Gauguin, Henri Rousseau, des illustrations de Jozef
Wilkon...On réfléchissait ensemble sur la mise en page et la
composition de chaque illustration et on a eu l'idée de lier toutes
les images pour qu'elles créent une fresque continue comme si c'était
dessiné sur un mur. Pour pouvoir faire une image tellement longue, d'abord
je préparais tous les éléments séparément - les dessins
des animaux, les plantes, le fond et puis j'ai assemblé tout ça sur
l'ordinateur. J'ai utilisé vraiment pleins de techniques différentes - monotype,
fusain, peinture, et c'était pour moi une vrai aventure. Le livre est
enrichi par la voix douce d'Alexis, mari de Maja. On peut l'acheter sur iTunes
store ici (pour le moment seulement pour les iPads et Mac).
-Lorsque tu travailles pour des maisons
d’éditions ou la Maison de l’Europe de Paris par exemple as-tu carte
blanche ?
Souvent
oui, parfois il m’était demandé de changer un peu les couleurs ou d’utiliser
une technique en particulier. Mais en général c'est à moi de proposer
l'image et après on en discute (ou pas;-))
-J’ai réalisé ma dernière interview au
sein de l’hôtel « La Parizienne » où j’ai pu admirer ton travail dans toutes les pièces de
l’hôtel, quel souvenir gardes-tu de ta collaboration avec le groupe
ELEGANCIA ?
Ils sont adorables :-)
C'était parfait pour moi car justement j'avais carte blanche.
Ils étaient très ouverts et enthousiastes, ils m'ont juste donné
trois indications importantes : humour, Paris, femme. C'était vraiment un
plaisir de travailler avec eux, je leur suis très reconnaissante de
m'avoir fait confiance. J'adore aussi l'équipe de l'hôtel, chaque
fois que j'y me rends, on rigole beaucoup. Parfois on faisait des
petits brainstormings quand j'avais des moments creux et ça a
toujours marché.
-Est-il prévu
de sortir un livre de tes travaux, je pense surtout à ceux que tu as fait pour
« La Parizienne » qui sont girly et colorées, peut-être une
BD ?
Ha,
bonne question (que je ne me suis pas encore posée). Pour le moment on a
commencé à vendre les illustrations, des cartes postales et des sacs en coton à
l'hôtel et ça marche bien, j’ai aussi pour objectif de créer une boutique en
ligne. Dès que tout ça sera bien établie, peut être on réfléchira à d'autres supports et
créations.
-As-tu d’autres passions ?
Oui,
il y a toujours une chose que je voudrais développer en moi : le
chant ! Mais j'étais toujours trop timide pour m'y donner à fond et j'ai
un peu mise en sommeil cette envie. Vive le réveil !
-Quels sont tes derniers coup de coeur au
niveau des dessinateurs, des livres ?
J’ai découvert
il y a quelques temps une jeune polonaise : Dorota Wojciechowska. Elle
travaille avec la plume qu’elle marie avec des tâches de couleur. C'est simple
et beau. J'adore aussi les portraits du peintre H.Craig Hanna exposé en
permanence dans les deux galeries rue Bonaparte à Paris.
peinture de H.Craig Hanna
-Quelle est ton actualité
prochainement ?
Je
prépare une petite exposition de mes dessins fin septembre ainsi
qu'un vrai site à moi avec une boutique en ligne avec des originaux
et tirages limités.
Photo by Magda Zelewska
-Un dernier mot pour la fin
Merci
et au plaisir (peut-être quand je serais une chanteuse prometteuse ;-))
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