«Zéro déchet», un mode de
vie adopté par de en plus de gens, le but ? Vivre
sans générer de déchets et réduire
au maximum les déchets engendrés au quotidien!
Bea
Johnson, une française qui vit aux Etats-Unis a écrit un livre à ce sujet et est devenue une
référence en la matière, comment elle a commencé et pourquoi ? Vous trouverez toutes ces réponses dans l’interview qu’elle
m’a accordée, enjoy.
Vous êtes Française, vous vivez aux Etats-Unis et il y
a quelques temps votre livre «Zero Waste Home » qui
a connu un énorme succès aux Etats-Unis est sorti en France, pouvez-vous nous
le présenter en quelques mots ?
Le but de
mon livre « Zéro Dechet » est de partager mon mode
de vie, de présenter les alternatives que ma famille utilise
pour simplifier sa vie et réduire ses déchets a moins d'un litre par
an.
C’est lors de la crise économique que vous adoptez ce
mode de vie, comment vous est venue cette idée ?
En
2006, nous avons décidé de déménager d'une grande maison en banlieue dortoir
(on était obligé de se déplacer en voiture pour aller partout) pour vivre dans
un centre-ville et avoir école, ciné, bibliothèque, restos, théâtre, épicier,
etc. à proximité, c'est à dire à quelques minutes à pied ou à vélo de chez
nous.
Avant de
trouver la maison idéale, nous avons loué un petit appartement pendant un an.
Nous avons, emménagé avec le minimum d'affaires et stocké le reste dans un
garde-meuble. Nous avons alors appris que vivre avec moins nous permettait de
vivre plus: Nous avions tout à coup plus de temps à passer en famille, pour se
balader, aller à la plage, faire des pique-niques, etc...
La deuxième
année, nous avons acheté une maison deux fois plus petite que la précédente et
nous sommes désencombrés de 80% de nos biens matériels. Le temps que nous avons
gagné grâce à cette simplicité volontaire nous a ensuite permis de nous
informer sur les problèmes de l'environnement. Nous avons lu des ouvrages et
regardé des documentaires sur la question. Ce que nous avons découvert nous a
fortement attristé quant au futur de nos enfants et nous a motivé pour changer
notre façon de vivre.
Diriez-vous qu’il faut être une « écolo dans
l’âme » pour adopter ce mode de vie ?
Je n'étais
pas une écologiste dans l'âme avant le Zéro Déchet, pas plus que je ne me
considère en être une aujourd'hui.
Nous
avons démarré ce mode de vie pour l'aspect environnemental mais aujourd'hui il
va bien au-delà: ce sont ses bienfaits (meilleure santé, gain de temps et
économies d'argent) qui nous motivent. Ce que nous faisons, c'est pour le
bien de notre famille, pas seulement pour celui de l'environnement.
Quels 1ers
conseils donneriez-vous à ceux qu’ils veulent essayer le « zéro
déchet » ?
Je ne suis
pas là pour dire à qui que ce soit comment vivre sa vie. Tout ce que je peux
offrir, c’est ma propre expérience. Le mode de vie Zéro Déchet est tout le
contraire de ce que nous aurions imaginé : il ne coûte pas plus cher, au
contraire : il nous économise beaucoup d’argent. Il ne prend pas plus de
temps, au contraire : la simplicité volontaire fait gagner du temps. On
s’est aussi aperçu qu’il est plus beau (un placard rempli de bocaux est plus joli
qu’un rempli de produits emballes par exemple) et qu’on vit plus sainement de
cette manière (les aliments vendus en vrac par exemple sont moins transformés).
Pour atteindre le Zéro Déchet, nous appliquons 5 règles, en ordre
d'importance:
1-
Refuser le superflu (courriers non désirés, babioles, ou petits
cadeaux gratuits à une foire par exemple),
2- Réduire le
nécessaire (meubles, habits...)
3- Réutiliser
en remplaçant tout produit jetable par un équivalent réutilisable (cela inclut
faire ses courses avec des contenants réutilisables) et en achetant d'occasion.
4- Recycler ce
qu'on ne peut pas refuser, réduire ou réutiliser (il reste donc très peu de matériaux
à recycler)
5- Composter
le reste (détritus organiques: épluchures de fruits et légumes, mais aussi
peluches de sèche-linge, ongles et cheveux coupes, balayures, etc…)
Le Zéro Déchet n'est pas
plus "facile" aux USA qu'en France. Le vrac n'est ni la norme en
France, ni aux USA. Mais les 2 pays ont beaucoup de potentiel. Aux USA, le
bicarbonate de soude et le démêlant pour les cheveux peuvent par exemple se
trouver en vrac, mais la France a aussi des avantages que les USA n'ont pas.
Voici, dans la foulée, quelques exemples... Les marchés de producteurs et les
halles y sont une excellente source de vrac ou de produit a la coupe (ici, au
marché, les produits animaux sont vendus sous vide). Le vin en vrac y est
beaucoup plus développé qu'ici. Le beurre et la crème fraîche y sont
disponibles au poids, à la fromagerie. Les œufs y sont souvent vendus en vrac
en magasin. Les petits artisans de campagnes, tels que les moulins à l'huile,
les chèvreries et les apiculteurs sont bien indiqués et accueillent avec joie
les visiteurs.
Ça ne prend pas
nécessairement moins de temps dans un pays ou un autre pour atteindre le zéro
déchet (ou un bocal de déchets par an). Il revient à chacun de discerner les
potentiels zéro déchet de sa région et de les exploiter au maximum. C'est ce
que nous avons fait en Californie, et c'est ce que nous faisons quand nous
venons en France. L'engagement du consommateur est bien plus déterminant que ce
que l'on pense.
Savez-vous que pour chaque
produit emballé que vous achetez, 15% du prix couvre le coût de l'emballage?
Cela signifie qu'en éliminant les emballages, on économise d'emblée 15%. Mais
nos économies vont encore plus loin que le simple fait d'acheter nos aliments
en vrac. Elles sont aussi basées sur le fait que 1- nous consommons
considérablement moins, 2- lorsque nous devons acheter un objet (un habit par
exemple), nous nous efforçons de le trouver d'occasion, 3- nous n'achetons plus
de produit jetable (à l'exception du papier toilette). A titre indicatif, voici
quelques-uns des produits qui font partie des dépenses récurrentes d'un foyer
banal et que nous n'achetons plus, soit parce ce que nous n'en éprouvons plus
le besoin, soit parce que nous les avons remplacé par des alternatives
réutilisables: le papier essuie-tout, le papier d'alu, le papier sulfurisé,
le film alimentaire, les éponges, les sacs de poubelle, les sacs de
congélation, les sacs a glaçon, les serviettes en papier, les assiettes,
couverts et gobelets jetables, le fil dentaire, les rasoirs jetables, les
pansements, les cure-dents, les mouchoirs en papier, la laque ou autre fixateur
de chevelure, le vernis à ongles et le dissolvant, les produits d'hygiène
féminine jetables (serviettes et tampons), les produits d'entretien divers
(spray pour les vitres, la cuisine, la salle de bain, le sol, etc.), les
lingettes désinfectantes, le papier cadeau, les magazines, les journaux, le
shampoing, le savon pour les mains, le spray de repassage, les agrafes, le
scotch, etc... Et ces produits (dont les alternatives vous sont proposées dans
mon livre) ne nous manquent même pas. Bien au contraire! Nous préférons
l'utilisation et l'esthétique des solutions que nous avons adoptées et
apprécions les économies qu'elles représentent. D'ailleurs celles-ci nous ont
permis de financer l'installation solaire pour notre maison, qui nous permet de
faire encore plus d'économies!
Nous
envisageons sa traduction.
Quels sont vos futurs projets ? Une émission de
TV ? Un nouveau livre…
J'aimerais
en effet une émission de télé: J'ai tant d'astuces à partager et ce mode de vie
est si visuel. Quelques réalisateurs américains m'ont sollicité, mais rien ne
s'est encore concrétisé. J'aimerais d'autant plus travailler avec la télévision
française. D'après les retours que j'en ai eu, ce mode de vie intéresse
beaucoup le public français; il semble avoir moins peur de la simplicité
volontaire sur laquelle nous nous basons (rires)
Grâce au « zéro déchet » votre vie a changé,
vous êtes devenue une référence en la matière, médiatisée et encensée par la
presse, une femme d’affaires accomplie, diriez-vous que avez
réalisé votre « rêve américain » ?
Mon rêve américain
s'est en effet réalisé. Bien qu’il y a des années, il était basé sur la
consommation et les biens matériels, aujourd'hui il se repose sur une vie
riche en expériences.
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